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Oodnadatta Track, partie 6 — Oodnadatta à Marla

Après ces derniers jours passés à batailler contre le vent puis contre la boue nous prenons un jour de congé bien mérité à Oodnadatta. Même si le patelin est un peu bordélique, avec souvent de la musique jusque tard dans la nuit, des gens qui crient, les chiens, etc. bref c’est assez « vivant ». Il y a même le cuistot de la roadhouse qui joue de la guitare toute la journée, un peu comme le groupe de musique dans le film Samson & Delilah de Warwick Thornton. Pas désagréable comme ambiance en réalité, disons que les jardins remplis de carcasses de voitures contrastent avec les habituels quartiers résidentiels australiens propres sur eux à la limite de la parodie de sitcom.

Malgré tout, les seuls luxes nécessaires à notre repos sont une prise électrique, une douche chaude, et une source quasi-illimitée de burgers bien gras. Ainsi malgré l’activité nocturne on se repose bien. On visite le musée local, étonnamment grand et intéressant, traitant autant de l’histoire ferroviaire du coin que de la culture aborigène et des voyages des enfants de l’école.

Quand vient le temps de reprendre la route nous constatons qu’elle a eu le temps de sécher, même si elle est encore parfois collante ou jonchée d’énormes flaques d’eau. Pour notre premier jour de reprise nous ne pédalons que 18 kilomètres, tranquille, avant de déguster le fish and chips que nous avons pris à la roadhouse le matin. Nous campons à l’intersection pour Dalhousie Springs, où il est possible de partir vers le nord sur des pistes particulièrement sableuses pour rejoindre Alice Springs par la Finke Road. Mais nous, nous allons prendre la route « facile »  : 200 kilomètres de piste pour rejoindre la Stuart Highway, la route nationale goudronnée qui traverse de Darwin à Adelaide. On se réjouit à l’avance de retrouver le goudron, en espérant que le vent sera avec nous.

Les jours se suivent, les uns après les autres, à une vitesse satisfaisante, sans tellement de difficulté, nous sommes satisfaits de pouvoir avancer de plus de 50 kilomètres chaque jour, même si nous terminons chaque journée complètement épuisés, ayant à peine assez d’énergie pour planter la tente et nous étendre avant de manger et dormir. Il faut aussi dire que cette section n’est pas des plus passionnantes par rapport au reste de l’Oodnadatta Track, mais les paysages sont quand même parfois sublimes. Nous croisons des vaches, des kangourous, des émeus, mais aussi des trous d’eau et des fleurs qui poussent au bord de la route, apportant des couleurs surprenantes au bush environnant.

Cette partie est presque relaxante et apaisante. Le faible trafic doit jouer. Avec moins d’une dizaine de voitures par jour, on ne peut pas dire que ce soit une route très passante. Malgré tout, une nuit nous sommes réveillés vers 3h du matin par un grondement, et le sol qui tremblait. Tremblement de terre ? Non, simplement le passage de trois road trains sur la route, à 500 mètres de notre camping. Nous les re-croiserons le lendemain dans l’autre sens, chargés de bétail, probablement destiné à l’export international. Heureusement vu leur bruit et l’immense nuage de poussière qu’ils dégagent on les entend et voit venir de loin.

Comme précédemment nous trouvons de l’eau régulièrement dans les auges pour le bétail, nous permettant de ne pas transporter trop d’eau, de plus la température clémente fait que nous buvons peu.

Pourtant certains côtés restent désagréables. Les vibrations de la route qui me détruisent les poignets et les genoux, les cadavres de vaches à l’odeur pestilentielle, et le sol tassé par les troupeaux qui rend impossible le plantage des sardines de la tente, dans des endroits sans arbres et sans gros cailloux non plus. Un soir nous passerons plus d’une heure à trouver un coin plat et abrité du vent qui permette de planter la tente. Nous avions trouvé un coin sympa dans une rivière à sec, juste avant de voir le cadavre de vache en décomposition à dix mètres de là. Dommage.

Finalement le compteur atteint 2.500 kilomètres et nous arrivons à Marla, station service sur la Stuart Highway, où nous retrouvons les hordes de touristes, grey nomads et road trains. Et des tarifs simplement hallucinants pour le peu de nourriture vendue ici. Dix dollars le paquet de gâteaux de 200 grammes. C’est ça aussi l’outback, profiter des touristes et des aborigènes qui n’ont pas d’autre alternative.