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Les vélos : qu'est-ce qui peut casser ? Ah, tout ? OK.

Ah les inénarrables listes de matériel qu’on embarque en voyage. Tout blog de voyage se doit d’en faire une. C’est souvent complètement chiant pour les gens qui ne voyagent pas, mais quand on se demande ce qu’on pourrait bien emmener quand on part soi-même, c’est bien utile.

Enfin parfois. Car quand on lit certaines listes, on se demande s’il y en a qui ne partiraient pas avec leur maison sur le dos que ça irait pas plus vite. Parce que bon ceux qui embarquent deux scies à métaux et trois marteaux pour traverser le massif central à vélo, c’est à se demander s’ils ne volent pas un vélo différent chaque jour pour leur périple. Sinon à quoi ça pourrait bien servir ?

Le problème pour l’Australie et ce qu’on veut faire, c’est que sur notre itinéraire les réparateurs vélos sont assez rares. S’il n’y a aucun souci pour en trouver à la douzaine à Adelaide ou Perth, entre les deux c’est plus compliqué. J’ai recensé des boutiques vélo à Alice Springs (il y en a même trois), après 2.500 kilomètres parcourus, puis à Broome, 2.600 kilomètres plus loin, Karratha (900 km), et enfin à Carnarvon, 1.300 km plus loin. Il ne restera plus 1.000 kilomètres jusqu’à rejoindre Geraldton, puis Perth, où les réparateurs sont plus nombreux, pour ensuite se faire rares pendant les 1.000 kilomètres du Munda Biddi jusqu’à Albany.

Inutile de dire que les plus grandes distances entre deux réparateurs sont aussi les parcours les plus engagés, avec beaucoup de pistes et chemins de terre et de sable, souvent sans rencontrer de village pendant plusieurs jours. Si une avarie technique qu’on ne puisse pas réparer se produisait, il faudrait attendre qu’une voiture passe et nous prenne en stop jusqu’au prochain patelin, puis prendre un bus ou un taxi jusqu’au prochain vélociste, peut-être des centaines ou milliers de kilomètres plus loin. Ou abandonner.

Là je suggérerais d’abandonner quand même.

Mais, nous avons un avantage. Cet avantage, c’est moi. Oui, pour une fois que je sers à quelque chose je tiens à le noter. En effet depuis plus de trois ans je participe à faire tourner un atelier associatif de réparation de vélo. Le principe est simple : n’importe qui peut venir réparer son vélo, l’atelier a les outils, et les bénévoles filent un coup de main et des conseils pour transmettre le savoir. Un principe qui semble fonctionner correctement, car il y a 3 ans je ne savais pas réparer une crevaison et maintenant j’ai monté intégralement nos deux vélos pour ce périple. Et ils roulent. Oui, je sais, incroyable.

Contrairement à un vélociste, un atelier associatif répare tous les vélos, même quand c’est pas rentable. Donc les vélos que nous voyons passer sont souvent dans un état second, très variés, de toutes les époques et très instructifs. Car on n’a pas forcément les pièces — qui n’existent plus, ou parce que la personne ne veut pas payer cher pour réparer un vélo acheté 5 € sur un vide-grenier — et qu’il faut donc se montrer créatif. Il est donc très rare de devoir dire que bon non ce n’est pas réparable. Donc si j’ai bien appris quelque chose c’est que tout se répare. Mais que pour ça il faut les outils les plus adaptés. On peut faire sans, mais c’est plus dur. Et qu’il faut souvent du temps et de la patience.

Mais l’avantage d’avoir maintenant certaines connaissances mécaniques et d’avoir vu passer pas mal de problèmes possibles, c’est qu’il est difficile de ne pas directement partir avec la caisse à outils complète et un vélo complet de rechange « au cas où ». Ça serait pratique, mais pour des raisons — justement — pratiques, en fait ça serait surtout très encombrant. Il faut donc faire des choix. Et comme je l’ai expliqué, le choix j’aime pas ça.

Mais bon, vu qu’on est obligé.

Il faut donc commencer par identifier les pannes possibles les plus courantes sur un vélo, vélo qui va faire beaucoup de kilomètres, sur des chemins pas forcément très plats et souvent même assez tape-cul.

Les pannes possibles

Par ordre de probabilité (selon mon expérience) on a donc :

- le grand classique : la crevaison
- du jeu dans un roulement à billes (roue, pédalier, direction)
- un câble (frein le plus souvent) qui se rompt
- roue voilée
- un ou plusieurs rayons cassés dans une roue, souvent dans la roue arrière, souvent du côté des pignons (forcément le côté le plus chiant, sinon c’est pas drôle)
- une vis qui se dévisse toute seule, tombe, disparaît, et n’est jamais revue et entraîne des problèmes plus graves
- chambre à air foutue (par exemple valve coupée, trou trop grand)
- l’axe de la roue arrière qui casse (ça m’est arrivé plusieurs fois)
- un pneu hors service qui laisse dépasser la chambre à air à l’air libre
- porte-bagage qui se brise (ou fixation du porte-bagage)
- accident : collision avec un mur, une voiture, un kangourou ou un autre vélo qui ne veut pas tourner dans la même direction que vous et entraîne une fourche ou un cadre tordu
- la chaîne qui casse (ça arrive parfois)
- roue HS (jante qui casse par exemple)
- casse de la selle ou du tube de selle
- bris de manivelle / boîtier de pédalier HS / axe de pédalier cassé (assez rare)
- casse du cadre ou de la fourche (rare)
- casse de la potence ou du guidon (rare)
- bris du dérailleur arrière (très rare)
- casse de l’axe de la roue avant (jamais vu)
- combustion spontanée du vélo (là y’a rien à faire, appelez un médium)

Évidemment d’autres problèmes non cités peuvent survenir, mais je ne les ai pas rencontrés jusque là.

Maintenant il va falloir déterminer dans cette liste ce qui peut être traité sur le terrain, au milieu de nulle part, avec des outils pas trop encombrants ou lourds, et des pièces de rechange raisonnables. Et ce qu’on peut faire en alternative sans outils et/ou pièces.

Par exemple si le cadre casse, que faire ? On ne va pas se trimballer un poste à souder. On va simplement essayer de le réparer avec les moyens du bord : une plaque de métal ou un morceau de bois, des colliers, et hop on peut avancer un peu (avec un peu de chance). C’est la stratégie adoptée par Graham quand son cadre a cassé au niveau du dérailleur arrière, pour faire 250 kilomètres et refaire souder le cadre.

Et bien on va voir ça dans les solutions pour réparer son vélo sur la route.