Détour(s) d'Australie

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J+0 — Arrivée à Melbourne

Après un réveil à 4h du matin et une bonne demi-journée sur les autoroutes françaises (oh quelle joie), on est contents de quitter les bouchons parisiens et d’arriver à l’aéroport. Il ne reste plus qu’à sortir les bagages de la voiture. On est contents de trouver des chariots sur le parking. Mais beaucoup moins contents quand on voit qu’on ne peut pas emmener lesdits chariots jusqu’au métro qui permet d’aller jusqu’au terminal. Et qu’il faut donc trimballer les cartons avec les vélos à pied sur 100 mètres jusqu’à l’ascenseur puis jusqu’au métro. Puis du métro jusqu’au tapis roulant, et jusqu’aux autres chariots. Pratique.

Le temps d’un dernier sandwich partagé en famille (hors de prix et servi par une caissière irascible, non vraiment Paris on ne te regrettera pas), et arrive le moment de se dire au revoir…

Il ne reste plus qu’à enregistrer les bagages, ce qui prendra le moment d’une petite explication, les conditons de voyage des vélos sur Qatar Airways ayant changé une semaine avant notre départ. En effet nous disposions de 35 kg de franchise bagage et Qatar offrait 10 kg de franchise supplémentaire pour un équipement sportif (donc un vélo), gratuitement. Depuis le 11 mai 2015 ça a changé : c’est maintenant 560$ qu’il faudrait payer pour un surpoids de 0 à 15 kg, et jusqu’à 1750$ jusqu’à 32 kg. Gloups, c’est largement plus que le prix d’un billet aller-retour pour l’Australie. Heureusement comme on a réservé notre billet avant le 11 mai c’est bon, pas de souci juste le temps d’une explication à l’enregistrement des bagages. On saura juste que la prochaine fois on ne prendra sûrement pas Qatar Airways vu le tarif délirant…

Après quelques détours dans les dédales de l’aéroport on passe la sécurité, où on doit vider nos sacs de nos appareils électroniques, ôter notre ceinture, etc. tout ça pour un opérateur qui ne regarde même pas l’écran des rayons X. Mais puisqu’on vous dit que c’est pour votre sécurité…

Il ne reste plus qu’à patienter pendant les six heures et quelque de vol pour atteindre l’aéroport de Doha, ses magasins de Lego, ses sculptures géantes d’ours en peluche, son métro aérien (!) et ses chambres à gaz pour fumeurs.



Puis c’est parti pour treize longues et interminables heures de vol, heureusement interrompues par de bons repas et quelques films largement censurés. Je ne sais pas si c’est spécifique aux compagnies asiatiques et arabes mais les films qu’ils proposent sont dans une version largement modifiée. Ça va des scènes de nu coupées jusqu’au re-doublage des gros mots (évidemment avec une voix qui n’a rien à voir avec celle de l’acteur, et sur un ton complètement différent), jusqu’au floutage de certains éléments du décor ou autre. Autant dire qu’on se croirait en plein 1984 et que c’est assez troublant, surtout quand les "What the fuck" (« c’est quoi ce bordel ») et autres expressions classiques sont transformées en "What the" et une seconde plus tard "heck" («c’est quoi ce… binz »).

Enfin nous arrivons à Melbourne, il est près de 22 heures, et nous n’avons pas eu à ouvrir les cartons pour l’inspection de la biosécurité, nous avons seulement eu droit à un reniflage de ceux-ci par un chien. Comme nous devons quitter l’aéroport en vélo et que rouler de nuit sur des pistes cyclables inconnues et sans éclairage est un peu compliqué nous allons devoir attendre le matin et tenter de récupérer quelques heures de sommeil en retard. On va donc camper à l’aéroport pour la nuit, avec les haut-parleurs qui annoncent haut et fort, toutes les dix minutes, qu’il ne faut pas laisser ses bagages sans surveillance, ou monter dans un taxi sans licence. Au bout de quelques heures on n’a plus qu’une envie c’est de faire bouffer un taxi sans surveillance rempli de bagages sans licence à cette putain de petite voix.

À cinq heures du matin on se lève, je passe au Mac Do prendre quelques pancakes et un jus d’orange, et, alors que je me foutais du sirop d’érable partout, deux australiens viennent discuter avec nous. Ce sont deux tasmaniens de Launceston qui partent faire la côte ouest des États-Unis en vélo pendant quatre mois. Nous ne sommes donc pas en Australie depuis plus de 12 heures qu’on nous invite déjà en Tasmanie. On se décide donc à hâter notre petit déjeuner avant que le reste de l’Australie ne vienne nous inviter.

On descend les escaliers roulants, on ouvre les cartons et on commence à remonter les vélos, ce qui nous prendra bien deux heures. On n’a plus qu’à laisser les cartons en plan à côté de la poubelle et à prendre la route.

Sortir d’un aéroport est déjà une gageure en temps normal, mais après 48 heures sans dormir plus de quelques minutes de suite, dont 20 heures de vol, c’est un vrai marathon. Il est 7 heures du matin, on sort de l’aéroport, on pousse les vélos à la main sur le trottoir, on n’est même pas encore montés une seule fois sur les vélos qu’après 100 mètres je me rends compte que mon pneu arrière est crevé. Déjà. J’en déduis que ça doit être une crevaison dûe au pincement pendant le transport, je change la chambre à air et nous repartons, cette fois sur les vélos, dans la circulation du matin. Ne pas oublier de rouler à gauche, ne pas oublier de rouler à gauche.

Heureusement après 500 mètres on quitte déjà la route, mais un obstacle nous empêche de rejoindre la piste cyclable de Moonee Ponds : une barrière anti-moto. Probablement qu’un vélo classique peut passer, mais nous avec nos grosses sacoches et nos guidons de randonnée il faut qu’on soulève les vélos pour passer. Inutile de dire que l’exercice est risible vu notre état physique. Mais nous y arrivons, et 300 mètres plus loin nous sommes récompensés : alors que nous sommes à moins d’un kilomètre de l’aéroport, et que des avions traversent le ciel à basse altitude toutes les 30 secondes, nous sommes accueillis par un troupeau de kangourous, là en plein en travers du chemin. Franchement, à 5 minutes de la sortie de l’aéroport on pouvait difficilement faire plus sympa comme accueil. Et voilà qui nous donne le sourire pour la journée et le courage de parcourir les 60 kilomètres qui nous séparent de la maison d’Elisa et Josh qui vont nous accueillir pour la semaine qui vient avant que ne débute notre véritable voyage à vélo.

Le reste de la journée sera quand même difficile, mais heureusement l’itinéraire que j’ai déniché sur OpenStreetMap n’utilise que des pistes cyclables, le plus souvent en plein milieu de grands espaces verts, et la balade de la journée est agréable et tranquille, hormis la fatigue évidemment. Mais c’est toujours plus agréable de ne pas avoir à affronter la circulation et de pouvoir s’arrêter régulièrement dans la verdure sur un banc.

Finalement nous arrivons à 15 heures, on prend une douche et on s’effondre sur le lit jusqu’à 17 heures pour aller au restaurant italien et dévorer un bon repas, avec une seule envie ensuite : dormir, et longtemps.